"Tribulations plastiques" de Gilles Stassart
Kwiny, candide canard en plastique de 125 grammes, quitte son usine
d'origine, chargé sur un cargo chinois transportant des clandestins,
pour finalement atterrir - à la faveur d'un naufrage- dans le ventre de Jack, cachalot nostalgique du parc aquatique dont
il fut la vedette. Après avoir été dépucelé par un pantin dans cet antre
dantesque, Kwiny s'échappe à la faveur d'une attaque par un baleinier
et se retrouve sur le bateau d'un groupe d'activistes écologistes, entre
les mains de Bridget Boops, mannequin vénale et porte-étendard de la
lutte contre la chasse à la baleine, qui l'initie à son rôle de sex-toy.
Rapidement, le bateau est attaqué par des mercenaires qui massacrent
les passagers puis s'enfuient, Kwiny en poche, lors de l'assaut d'un
commando armé venu secourir l'équipage... Sur le registre de la satire,
ce texte décapant scrute les dérives de la mondialisation de la société
de consommation en prenant le parti d'en rire. Trafiquants de chair
humaine, exploiteurs capitalistes, activistes écologistes, stars de
cinéma transformées en produits marketing, artistes stupéfiés dans
l'onanisme post-tout, terroristes islamistes, humanitaires se ruant sur
l'Afrique, compétiteurs à motos, spéculateurs en tout genre : rien n'est
épargné à Kwiny, le petit canard en matière plastique, jouet en bute
aux pulsions les plus archaïques.
Gilles Stassart lui donne une
nature schizophrénique, d'un côté icône enfantine d'un paradis naïf, de
l'autre sex-toy formé en douce pour disparaître dans un sexe de femme.
Objet de convoitise dans un monde vénal et branché, il sera porté au
pinacle avant de finir en paria.
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