"La liste de Freud" de Goce Smilevski (parution en septembre 2013, éditions Belfond)
Récompensé par le prix européen pour la Littérature, un roman fascinant qui donne à voir un épisode peu évoqué de la vie de Freud.
Toutes le soeurs de Sigmund Freud (sauf Anna, l’aînée mariée en Amérique) périrent en déportation en 1942 et 1943.
Sigmund Freud, lui, mourut en sécurité dans sa belle maison anglaise en 1939, un mois après le début de la guerre. Son principal hagiographe Ernest Jones, à propos de la fin des quatre sœurs, écrit
simplement: « Par bonheur, il ne sut jamais ce qu’il advint d’elles ». Tout est bien puisque l’âme du grand homme peut dormir en paix. Et, après tout, le calvaire final de Rosa, Mitzi, Adolphine et Paula n’est que l’aboutissement de vies sacrifiées dès l’enfance à la gloire de l’aîné, le“Sigi en or”d’Amalia, sa mère idolâtre.
Freud a quatre-vingt-deux ans. Quand survient l’Anschluss, il se dit d’abord trop vieux et trop malade pour quitter
Vienne, mais il cède finalement à la pression de son entourage.
Grâce à quelques autres appuis ou connaissances, y compris au sein du régime Nazi, Freud put sauver une bonne partie de sa fortune ainsi que ses collections de statuettes antiques et put faire une liste de personnes à faire émigrer parmi lesquelles sa femme, sa belle-sœur Mina, ses fils, filles, brus, gendres, petits-enfants, l’amie d’Anna, les domestiques, les
médecins particuliers, sans oublier le chien et la précieuse collection à laquelle Freud attachait la plus grande importance.
C'est Adolphine Freud , l'une des soeurs sacrifiées et par ailleurs mal aimée, qui narre cette épisode lugubre, et qui dresse le portrait d'un Freud mégalomane, égoîste, et dominateur.
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