Bienvenue sur le blog de Soif de lire

Bienvenue sur le blog de Soif de lire
11 rue Finkmatt, Strasbourg, 03 88 24 28 70, soifdelire@orange.fr. Heures d'ouverture : mardi, jeudi, vendredi 10h-14h et 16h-19h, mercredi et samedi 10h-19h

jeudi 29 avril 2010

Un subtil thriller social ....


"Orages ordinaires" de William Boyd

Adam Kindred, jeune climatologue désireux de restituer un dossier à son propriétaire médecin, le retrouve poignardé chez lui. Afin d'échapper au tueur qu'il a surpris, et à la police (car tout l'accable) il se crée un refuge au bord de la Tamise et peu à peu se clochardise. Désertant un Londres indifférent au sort de ses marginaux, il se mêle aux bas-fonds de l'East End et à une société interlope plongée dans un enfer moderne. Son enquête inlassable l'amène à démasquer la conspiration de puissantes firmes pharmaceutiques prêtes à commercialiser un traitement contre l'asthme, très lucratif pour elles, mortel pour des milliers d'enfants.

William Boyd s’essaye aujourd'hui au thriller, avec beaucoup de brio. Il raconte la chute et la traque du climatologue Adam Kindred. A mesure qu’Adam avance "en clandestinité", Boyd creuse le fossé des inégalités qui le séparent de certains de ses poursuivants, doublant son polar d’une plongée dans les affres de l’exclusion.
En évoquant l’ultra-puissance des lobbies pharmaceutiques, les inégalités sociales, l’illettrisme ou en filigrane les bouleversements climatiques, William Boyd confronte différents symptômes du mal qui ronge l’Occident, dans une Londres érigée grise et pervertie. Une cité que l’écrivain connaît dans ses sombres recoins, des faubourgs les plus glauques aux quartiers résidentiels défraîchis. Et sous le prétexte de réhabiliter un innocent, William Boyd compose une belle variation sur le thème de l’effacement dans l'étouffement du monde moderne.

lundi 26 avril 2010

Deux très bons récits chez Attila ...


"Requiem pour un paysan espagnol" et "Le gué" de Ramon Sender

Deux récits de la guerre civile espagnole ; deux paraboles étincelantes sur la justice et la culpabilité.

1936. Un vieux prêtre, Mosen Millan, s’apprête à célébrer une messe de requiem pour un jeune homme du village : un jeune républicain qu’il a vu naître et grandir, et qui a été exécuté par les phalangistes… à cause de lui... et malgré lui !

Le récit, très bref et resserré, est organisé selon les souvenirs du prêtre, qui déroule la vie du jeune homme et, à travers lui, d'un village aragonais typique aux débuts de la République espagnole. Les premières actions républicaines se heurtent alors à la puissance des notables locaux, et à l’arrivée d’une troupe de phalangistes soutenant les droits de ces derniers, au besoin par la terreur et par la violence.

Le Requiem est ici suivi d’un texte posthume, totalement inédit en français, encore plus bref et frappant s’il se peut : Le Gué. Une jeune fille est persuadée d’avoir dénoncé aux autorités son beau-frère — dont elle était amoureuse — par dépit et jalousie. Ce souvenir, et ce secret, la hantent quotidiennement...

Et comme d'habitude aux éditions Attila, un ouvrage aussi beau à l'extérieur qu'à l'intérieur : papier de belle qualité et superbes illustrations ....

dimanche 18 avril 2010

Bientôt, un nouvel ovni de la planète "La dernière goutte"


"L'homme de trop" de Thierry Aué

A paraître le 6 mai 2010

Décidément, les éditions de "La dernière goutte" ne se moquent pas de nous. Et une réussite de plus à ajouter à leur catalogue !!!!

N'aimant pas les nouvelles, j'ai commencé sans grand enthousiasme ce recueil. Mais quelle surprise ! A défaut de nouvelles, je parlerai plutôt de textes courts (de quelques lignes à 3 pages) surprenants. Pas d'histoires au sens propre du terme, pas de débuts, ni de fins ; juste quelques réflexions "maso-claustro-parano" sur les choses et le sens de la vie.

Un très joli travail sur la langue : les phrases parfois très longues permettent à l'auteur de belles digressions .... Mais c'est vrai, j'oubliais que "La dernière goutte aime ... ce qui claque, ce qui fuse, ce qui gifle et qui griffe et qui mord" et là, bravo, bonne pioche !!!!

dimanche 11 avril 2010

Un "charmant" roman danois ....


"L'art de pleurer en choeur" de Erling Jepsen

Du haut de ses onze ans, le narrateur ne saisit pas très bien les enjeux du monde des adultes dans la petite bourgade du sud du Jütland où il grandit. Tandis que son père a les "nerfs psychiques", sa mère touche parfois des "primes" de son père lorsque tout s'est bien passé dans la chambre conjugale, sa soeur remonte le moral de son père lorsqu'elle dort avec lui sur le canapé ...
Il a remarqué que le chiffre d’affaires de l’épicerie de son père augmentait après chacune des prestations de ce dernier… lors des enterrements : cet homme a en effet un talent, celui de faire pleurer les plus endurcis grâce à ses oraisons funèbres déchirantes. Le gamin, qui accompagne les envolées lyriques paternelles de ses mimiques affligées, se prend au jeu : la famille est enfin considérée, et l’atmosphère à la maison est plus légère après chaque cérémonie.
De là à susciter l’augmentation du nombre des décès, il n’y a qu’un pas, vite franchi par l’imagination débridée de l’enfant. Et il trouve en sa sœur aînée, Sanne, une complice de choix. Que l’adolescente ne puisse plus supporter de devoir dormir sur le canapé avec son père, qu’elle veuille se venger de lui, il ne le voit pas. Il veut continuer sa vie paisible, élever ses lapins, et préserver à tout prix l’équilibre du foyer.
Jouant du contraste entre l’innocence de l’enfant et la saisissante réalité sociale qu’il dépeint, Erling Jepsen met à jour dans ce roman grinçant et parfaitement maîtrisé les sombres mécanismes d’une société rurale encore repliée sur elle-même dans la fin des années soixante.

jeudi 1 avril 2010

Il n'y a pas que les "nouveautés" dans la vie ...

La preuve :

"La solution esquimau" de Pascal Garnier

Louis, la quarantaine, gentil mais fauché, revendique « la solution esquimau », à savoir liquider les vieux parents inutiles, comme les esquimaux abandonnent leurs vieillards sur un morceau de banquise. Par un altruisme débordant de générosité, Louis assassine sa mère pour commencer, puis les parents de ses amis afin qu’ils puissent hériter. Il est scandaleux à ses yeux que les uns, plutôt aisés, "empêchent" les autres,de vivre à leur guise et profiter de leur jeunesse.

Mais Louis n’est que le héros du roman,d’un écrivain réfugié au bord de la côte normande. un écrivain taciturne et solitaire bientôt rattrapé par une réalité encore plus folle que sa fiction. La confusion entre son quotidien et celui de son personnage devient de plus en plus grande. On peut faire confiance à l'humour noir redoutable de Pascal Garnier pour remettre les pendules à l’heure. Jubilatoire !