Bienvenue sur le blog de Soif de lire

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11 rue Finkmatt, Strasbourg, 03 88 24 28 70, soifdelire@orange.fr. Heures d'ouverture : mardi, jeudi, vendredi 10h-14h et 16h-19h, mercredi et samedi 10h-19h

mardi 30 août 2011

Chef d'oeuvre !


"Sanctuaire du coeur" de Duong Thu Huong (parution le 15 septembre)

La talentueuse Duong Thu Huong nous éblouit encore une fois !
Dans ce dernier opus, elle nous propose de suive l'itinéraire de Thanh , un jeune adolescent de bonne famille, dont le destin sera mis à rude épreuve.
Le prologue s’ouvre sur sa fugue incompréhensible racontée par les adultes. 13 ans plus tard, c'est Thahn lui-même qui se raconte : gigolo, entretenu par Kim, une riche femme d'affaires de 20 ans son aînée, son histoire est lentement distillée au fil des chapitres et on apprend page après page la raison de sa colère.

On retrouve la puissance d’évocation de l'auteure, qui brosse le portrait d’une société décadente que seul l’argent intéresse, que la corruption domine et où sévissent des injustices criantes. Une critique sociale acerbe où la lâcheté et la jalousie des uns rivalisent avec l'honneur et l'honnêteté des autres.

Un roman de Duong Thu Huong, c'est aussi une merveilleuse invitation à découvrir le Vietnam : images, odeurs et saveurs participent à donner un tableau hyperréaliste de ce pays où se côtoient tradition et modernité.
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jeudi 25 août 2011

Voyage initiatique charnel et psychologique ...


"Son corps extrême" de Régine Detambel

L'histoire est simple : Alice, presque quinquagénaire, a eu un accident de voiture. A sa sortie du coma, le lecteur va suivre pas à pas le récit de sa guérison -ou peut-être devrait-on dire de sa renaissance- tant les épreuves subies par Alice ressemblent à celles de l'enfant qui doit tout apprendre du monde.
Si l'auteure, elle-même kinésithérapeute, décrit la douleur des corps qui se réveillent et se remettent en route, c'est surtout dans la tête d'Alice qu'elle nous emmène : ses doutes, ses espoirs, mais aussi tous les souvenirs de "sa vie d'avant" qui seront parfois des moteurs et parfois des freins à sa guérison. En récupérant son corps, petit à petit, Alice se reconstruira une existence.

Une écriture splendide pour un texte sans pathos. Les muscles, les os et les tendons deviennent des mots d'une poésie absolue sous la plume de Régine Detambel !

Extrait : Qui voudrait vivre sans avoir connu l'incomparable expérience humaine que représente un isolement de deux années en centre de rééducation ? Alice y a acquis une connaissance intime de la vie tropicale des muscles et corallienne des os, son corps s'est mis en harmonie avec l'atoll, elle a bien maigri (huit kilos) et elle est plus en forme qu'au départ. En quelque sorte un corps glorieux. Dire qu'elle a vécu petitement les cinquante premières années de sa vie, de peur de se blesser, de peur du mal, des cassures, des ruptures. Mais une fois dans le fou rire de son propre destin, on y est drôlement bien.
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mercredi 24 août 2011

Du polar sans flic au roman métaphysique


"Un ange noir" de François Beaune


Alexandre Petit était amoureux d’Elsa Colignon, mais cette jeune fille de dix-neuf ans, est retrouvée noyée dans sa baignoire, entourée de canards en plastique jaune. La dernière personne à l’avoir vue vivante est Alexandre …. Tout accuse ce petit homme insignifiant, psychologiquement instable, mal-aimé de ses pairs, et castré par sa mère. Alors, il fuit, pour se disculper, puis pour retrouver l'assassin lui-même. Hors de son cadre familier, et sans ses anxiolytiques, cet homme à priori très ordinaire et sans histoires, va découvrir sa nature profonde : ses peurs, ses anxiétés, son narcissisme, son étroitesse d'esprit, sa haine de l'autre ...

"Un ange noir" est donc avant tout le portrait d'un personnage détestable, immonde, névrosé et raciste. Alors, innoocent et naïf ou psychopathe monstrueux ? A vous de choisir ... Dans tous les cas, un roman fort, dérangeant et qui révèle nos pires instincts ...
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lundi 22 août 2011


"Scintillation" de John Burnside (à paraître le 25 août aux éditions Métailié)
Dans un paysage dominé par une usine chimique abandonnée, au milieu de bois empoisonnés, l'Intraville, aux immeubles hantés de bandes d’enfants sauvages, aux adultes malades ou lâches, est devenue un modèle d’enfer contemporain. Année après année, dans l’indifférence générale, des écoliers disparaissent près de la vieille usine. Ils sont considérés par la police comme des fugueurs. Leonard et ses amis vivent là dans un état de terreur latente et de fascination pour la violence. Pourtant Leonard déclare que, si on veut rester en vie, ce qui est difficile dans l'Intraville, il faut aimer quelque chose. Il est plein d’espoir et de passion, il aime les livres et les filles. Il y a dans ce roman tous les ingrédients d’un thriller mais le lecteur est toujours pris à contrepied par la beauté de l’écriture, par les changements de points de vue et leur ambiguïté, par le raffinement de la réflexion sur la façon de raconter les histoires et les abîmes les plus noirs de la psychologie. On a le souffle coupé, mais on ne sait pas si c’est par le respect et l’admiration ou par la peur. On est terrifié mais aussi touché par la grâce d’un texte littéraire rare.

Dans le cadre des Bibliothèques idéales, John Burnside sera l'invité de Soif de Lire pour une rencontre autour de son nouveau roman "Scintillation" le jeudi 22 septembre à 19h.


samedi 20 août 2011

Où va l'Amérique ?


"12 Septembre, l'Amérique d'après", collectif d'artistes

"Où va l’Amérique ? Dix ans après le 11 Septembre, ce livre s’interroge et tente de répondre à la question à travers les contributions croisées de nombreux intervenants.
L'idée du livre ne consiste pas à revenir encore et encore sur ce qu'il s'est passé voilà bientôt dix ans, mais bien à regarder droit devant et à s'interroger sur ce que seront les Etats-Unis de demain. 12 Septembre, sous-titré "l'Amérique d'après", fonctionne sur le principe des correspondances, entre les disciplines mais aussi entre les participants. Certains s'expriment à travers le dessin, comme Plantu, d'autres, comme l'écrivain Russell Banks, ont choisi le texte, d'autres encore l'entretien croisé ou la simple interview. 12 Septembre, à travers ces "dix-neuf regards sur l'Amérique de demain " nous propose des pistes de refléxion stimulante sur un pays qui, pour être passionnant et irritant à la fois, constitue plus que jamais une idée qui nous interroge tous.
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vendredi 19 août 2011

Mystique et onirique ...


"Le domaine des murmures" de Carole Martinez

En 1187, le jour de son mariage, devant la noce scandalisée, la jeune Esclarmonde refuse de dire "oui" : elle veut faire respecter son voeu de s'offrir à Dieu, contre la décision de son père, le châtelain régnant sur le domaine des Murmures. La jeune femme est emmurée dans une cellule attenante à la chapelle du château, avec pour seule ouverture sur le monde une fenestrelle pourvue de barreaux. Mais elle ne se doute pas de ce qui est entré avec elle dans sa tombe... Loin de gagner la solitude à laquelle elle aspirait, Esclarmonde se retrouve au carrefour des vivants et des morts. Depuis son réduit, elle soufflera sa volonté sur le fief de son père et ce souffle l'entraînera jusqu'en Terre sainte.

A travers cette histoire qui nous plonge dans la période des croisades et du système féodal, Carole Martinez nous parle des femmes : de leur place dans la société, de leur maternité et de la fascination et la peur qu'elles exercent sur les hommes.

Peut-être un peu trop onirique et trop mystique pour certains, ce curieux roman qui n'est écrit ni en vieux français, ni en langue moderne ne vous laissera pas insensible.

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mercredi 3 août 2011

Une alliance rare d'empathie profonde et d'écriture magnifique


"Même les chiens" de Jon McGregor (à paraître, éditions Christian Bourgois)

Dans une ville du nord de l’Angleterre, peu après Noël, un homme est retrouvé mort dans son appartement.
En cinq chapitres, de la découverte du corps jusqu’à sa crémation, en passant par la salle d’autopsie et le tribunal, Jon McGregor esquisse les principales étapes de l’existence de cet homme au gré des souvenirs de ceux qu’il fréquentait durant les dernières années de sa vie. Le récit est rythmé par les voix de ses amis, tous des toxicomanes qu’il hébergeait en échange de menus services, dont on comprend très tôt qu’ils sont eux-mêmes désormais des fantômes.
Décidés à accompagner Robert jusqu’à la fin, ils essaient de découvrir pourquoi il s’est ainsi retrouvé seul dans son appartement, à court de vivres, et quelles sont les causes de sa mort. Le récit des événements en cours alterne avec les souvenirs des personnages, qui se dévoilent eux-mêmes tout autant qu’ils évoquent Robert. Le lecteur découvre ainsi le passé de chacun et le moment où ils ont basculé dans la dépendance, toujours en réaction à un événement insupportable : Robert a sombré dans l’alcool après le départ de sa femme et de sa fille, Heather s’est réfugiée dans l’héroïne après avoir été victime d’une mauvaise plaisanterie aux conséquences irrémédiables ; Ant, après avoir perdu une jambe lors d’une explosion en Afghanistan… Il n’est cependant jamais question de justifier, seulement de comprendre, sans juger.
Jon McGregor dévoile un monde généralement invisible : celui des marginaux et des toxicomanes. Il décrit avec une grande précision et souvent avec humour, leur mode de survie et leurs déboires. Il nous fait pénétrer dans leur univers ainsi que dans celui de certaines institutions, exposant tant leur souffrance physique que l’extase procurée par la drogue, l’espoir que le désarroi, l’amour que la déception, et, toujours, leur volonté de vivre.