Bienvenue sur le blog de Soif de lire

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lundi 9 mai 2011

Hilarant et truculent .... ou émouvant et puissant....


"Pain et tempête" de Stefano Benni

La lutte d'un carré d'irréductibles d'un petit village du sud de l'Italie -le plus souvent accoudés au comptoir du mythique Bar Sport- contre des promoteurs immobiliers cyniques et une municipalité cupide. La ressemblance avec Astérix ne s'arrête pas là car Stefano Benni aime les personnages hauts en couleurs et les jeux de mots ! Il prend aussi un malin plaisir à embarquer le lecteur dans des disgressions facétieuses et incongrues ; c'est donc avec beaucoup d'humour (noir) qu'il nous fait la morale face à un monde sans scrupules mené par le pouvoir et l'argent ! (quelques "piques" en l'honneur de Besluconi ne sont pas exclues !!!!!)

Extrait de "Pain et tempête" :
La nuit, en rêve, les méchants demandent pardon et les gentils assassinent.
Mais, derrière les paupières closes, chacun garde son propre secret.
Et donc, nous ne saurons jamais à quoi rêvait cette nuit-là Grand-Père Sorcier quand, à l'aube, son nez s'éveilla.
En effet, la première chose que faisait le grand-père chaque matin, ce n'était pas ouvrir les yeux, mais renifler.
C'était la preuve qu'il avait passé une nuit de plus et qu'il était encore momentanément vivant.
Car en ouvrant les yeux, il aurait vu l'obscurité et les ombres de sa chambre. Et il aurait pu se retrouver dans un piège onirique ou dans un mystérieux monde parallèle.
Alors que, en reniflant, il ne pouvait pas se tromper.
S'il sentait une odeur de soufre et d'alcool à allumer le barbecue, c'était peut-être l'enfer. Odeur de pain et de moût de raisin, le paradis. Quant au purgatoire, il n'en avait pas une idée précise, mais, dans son esprit, il devait sentir le potage de semoule.
Parfois, Grand-Père Sorcier craignait de se réveiller dans une odeur de vie passée. Ainsi, un rude arôme de couverture militaire et de salade de pieds l'aurait ramené à la caserne. Crayon et craie : il redevenait un enfant devant son pupitre, à l'école. Brouillard et laine de passe-montagne : à bicyclette, vers son lieu de travail. Encre et plomb : l'imprimerie.
Mais s'il avait senti une odeur de lavande et de ratatouille, il y aurait eu, à côté de lui, Yole. Car Yole, sa compagne durant de longues années, dégageait cette odeur envoûtante et métissée : ses cheveux, d'abord blonds, puis blancs, sentaient bon le shampoing, mais cinquante ans d'aérosol à la cuisine les avaient imprégnés, et aucun lavage ne pouvait dissoudre cette union.




"Les oliviers du Negus" de Laurent Gaudé

4 histoires individuelles dans la grande Histoire du monde ...

Un vieil homme croit entendre chevaucher Frédéric II dans le royaume des Enfers. Un centurion marche vers une Rome gangrénée dont il devance l'agonie. Un soldat des tranchées fuit le "golem" que la terre a façonné pour punir les hommes. Un juge anti-mafia tient le compte à rebours de sa propre exécution... Dans la proximité de la guerre ou de la mort surgissent ces quatre récits où les héros - certes vaincus, mais non déchus - prononcent d'ultimes paroles. Ils veulent témoigner, transmettre, ou sceller des adieux.

Le tout servi par une plume toujours aussi élégante et raffinée ...


Extrait de "Je finirai à terre"

Longtemps, la terre se demanda quelle offense elle avait faite aux hommes pour qu'ils la condamnent ainsi à cette pluie de grenades. Elle ressaya de comprendre. Elle chercha comment se protéger. Enfouir sa tête entre ses mains, se recroqueviller, offrir le moins de prise posssible aux coups, se durcir pour les empêcher de la pénétrer ... devenir plus dure que les bombes pour que projectiles rebondissent sur sa peau et explosent aux visages étonnés des hommes : elle aurait aimé mais elle ne pouvait pas....
C'est alors qu'elle trouva l'arme dont elle avait besoin : la boue. C'est cela qui lui fallait. Elle s'attela à la tâche. A l'ombre de la colline du prieur, d'étranges bruits se firent entendre. Elle soufflait, suait, travaillait, recommençait sans cesse. Jusqu'à être parfaitement prête.
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