"Bons baisers de Lenine" de Yan Lianke
"Le village de Benaise n'avait jamais été peuplé que d'aveugles, de boiteux et de sourds-muets. Les infirmes y affluaient du monde extérieur, les gens-complets en partaient. " Arrive alors un nouveau chef de district qui veut racheter aux Russes la momie de Lénine et développer le tourisme communiste local. Au prétexte du slogan de Deng Xiaoping - " Enrichissez-vous " -, il persuade les villageois handicapés de se produire sur scène.
Yan Lianke met en scène l'opposition entre la Chine révolutionnaire d'hier et la Chine capitaliste d'aujourd'hui. Le choix d'une narration longue, de formes très ouvertes et délirantes de récit, laissent une grande liberté d'interprétation.
"La dure loi du karma" de Mo Yan
En 1950, Ximen Nao, notre héros, est déjà mort. Après quelques supplices, il retombe sur terre sous forme d'âne. C'est le début d'un « karma » qui le verra réincarné en boeuf, cochon, chien et singe, toujours dans le même village. Au fil de ses péripéties, il regarde évoluer la communauté paysanne. Selon les époques, on s'affronte, on s'aime, certains perdent tout et d'autres font fortune... soit cinquante ans d'histoire de Chine, du maoïsme aux clinquantes vitrines contemporaines.
Une oeuvre littéraire succulente et gargantuesque ...
Des situations aussi drôles que monstrueuses ...
J'en profite pour vous conseiller l'excellent "Brothers" de Yu Hua (actes sud, 2008)
Yu Hua narre la vie de ces deux demi-frères, Li Guangtou et Song Gang, qui grandissent en même temps que la Chine. Quand s’abat soudain, au beau milieu de leur enfance, la Révolution culturelle, le récit bifurque d’un coup : d’une atmosphère insouciante et piquante, on bascule dans l’horreur. Tout le livre repose sur la faculté de mutation de la plume de Yu Hua, capable d’embrayer sur un rebondissement terrifiant de cruauté après une scène ridicule. Ainsi, chaque passage met l’autre en valeur, et la pureté des sentiments - l’amour des deux frères en premier lieu - paraît encore plus intense.
Des grandes fresques littéraires, Yu Hua conserve la densité, tout en préférant à leur grandiloquence un ton absurde et burlesque. En résulte une oeuvre déroutante, instable, à l’image de la Chine actuelle, qui prend au fil des pages une ampleur saisissante.
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